Faire un date aux Pays-Bas : « J’avais beaucoup de mal avec la distance émotionnelle »

« Quand je suis arrivée aux Pays-Bas, je me suis sentie renaître », explique Dana. Lorsqu'elle a fui son pays pour venir aux Pays-Bas en 2019, elle avait un plan clair : étudier, travailler et vivre. Il n'y avait pas de place pour une relation à ce moment. Elle habite maintenant à Utrecht et effectue un stage dans une organisation qui aide les réfugiés.

Rami (26) travaille en tant que chef d'équipe dans un magasin et étudie l'ICT à Utrecht. Il ne pensait pas non plus aux relations lorsqu'il est arrivé aux Pays-Bas en 2017. « J’avais une image idéale de l'Europe. La réalité a été bien différente. Dès que vous arrivez, vous avez plein d'obligations. Il faut s'adapter au mauvais temps et payer des impôts. »

Aux Pays-Bas, Dana a immédiatement fait connaissance avec des personnes qui parlent arabe. Elle se sentait malgré tout différente. Leurs habitudes étaient influencées par l'individualisme et la distanciation de l'Europe. « Ma nature me pousse à être là pour l’autre. Si vous attendez un bus, je parle avec vous au lieu de directement dire au revoir et partir en vélo. Je me suis souvent retrouvée seule à attendre le bus après une soirée. »

Après avoir terminé sa formation, Dana avait envie d'avoir une relation. Elle a téléchargé Tinder. « La méthode à l’ancienne est impossible ici. Il est improbable qu'un étranger croise votre route par hasard et vous aide à ramasser vos affaires, » rigole Dana.

Pour Rami, les applications de rencontre n'ont pas été un succès. « J’ai directement supprimé l’application. En ligne, chacun montre son meilleur côté. Le match est souvent basé sur des choses superficielles. Ça sonne un peu faux. Il peut être compliqué de rencontrer une personne en vrai. Vous devez faire le premier pas. » Il a ainsi rencontré une jeune femme dans un café 1 an après être arrivé aux Pays-Bas. Il a remarqué qu'elle était aussi intéressée par lui. Il est allé lui parler et lui a demandé son Instagram.

« Si vous décidez de quand même utiliser une appli de rencontre, je conseille de prendre le temps après un match », explique Dana. Elle conseille de faire attention au fétichisme lié à l'ethnicité. « Certains hommes recherchent des femmes arabes, car ils ont une image stéréotypée de celles-ci : ils pensent que les femmes arabes sont soumises et n'ont pas de personnalité. Soyez prudentes avec ce type d'hommes. »

Elle espérait d'abord rencontrer un homme qui parle arabe. Mais elle a finalement matché avec un Néerlandais. « Son profil me convenait bien. On a directement eu des conversations profondes. Il a semblé calme et chill et j'ai bien aimé cela. J'étais justement habituée aux relations très intenses. »

Dana avait très envie de parler couramment anglais, mais à cause de cela, elle a appris moins rapidement le néerlandais avec son copain néerlandais. Rami parlait justement moins bien anglais et grâce à sa copine, il a rapidement amélioré son néerlandais. « Elle m’a appris le langage oral que l'on n'apprend pas à l'école. » Mais étant donné que Rami était encore en train d'apprendre la langue, le contact restait superficiel. « On parlait seulement de la vie de tous les jours. Il manquait de profondeur dans la relation. Elle s'est terminée après 6 mois. »

Dana : « Je me sentais plus liée à la société néerlandaise après avoir rencontré les parents de mon copain. Ils m'ont accueillie et étaient très sympathiques. » Il y avait quand même des défis de taille. « J'avais du mal avec la distanciation émotionnelle de la société et de mon copain. Les Néerlandais sont plus pratiques qu'émotionnels. Je valorise cette sobriété, mais à partir d'un moment, il faut sortir de sa coquille et confronter l'autre. Sinon, on reste seul et on reste une étrangère, même si on fait de son mieux. »

Lors des dernières années, Rami a fait des dates avec des femmes de différentes origines culturelles. « C’est impossible de savoir à l’avance de qui vous allez tomber amoureux. La culture de l'autre n'a donc pas d'importance pour moi. » Il explique qu'il faut avoir des attentes réalistes et ne pas avoir peur de prendre l'initiative. « De nombreuses personnes ont peur d'être rejetées. Le pire que vous puissiez entendre c'est un "non". Et ce n'est pas une catastrophe. »

« Une relation entre deux personnes de cultures différentes peut être une belle histoire », explique Dana. « Mais les deux partenaires doivent travailler pour que cela fonctionne. La communication permet de trouver un juste milieu. Cette règle est également valable à une plus grande échelle de la société. Les Néerlandais peuvent aussi apprendre beaucoup des autres cultures. "Il faut être 2 pour danser le tango". »

Cette histoire a été écrite par Judy Karajoli de RFG Média en collaboration avec RefugeeHelp.