Mehran dans le centre d'accueil du COA.
Source : RefugeeHelp / Aline Bleeker
Expériences

Mehran : « Mes croyances se trouvent dans mon cœur, comment est-ce que je peux prouver cela à l'IND ? »

Dernière mise à jour: 31/10/2024 06:33

Après avoir passé 10 ans aux Pays-Bas, Mehran a construit une vie ici. Il travaille à temps plein, a un permis de conduire néerlandais, ses enfants sont nés ici et vont à l'école. Il peut aussi manifester en toute liberté. « Il me manque seulement un permis de séjour et une maison pour ma famille. »

En 2015, Mehran et sa femme sont arrivés à Schiphol pour demander l'asile. Ils sont restés 21 jours dans un centre d'accueil fermé sans pouvoir en sortir. « Je suis entré en dépression et j’ai perdu tout espoir de retrouver une meilleure vie, » explique Mehran. « Mais maintenant, j'habite ici depuis dix ans et grâce à Dieu, je gère depuis 7 mois ma propre entreprise. J'aimerais même recruter des collaborateurs. Ce n'était pas simple de construire une vie, mais j'ai eu de la chance. »

« J’ai prié mon Dieu et lui ai demandé ce que je devais faire »

Mehran aimerait faire quelque chose aux Pays-Bas et redevenir autonome. « C’est pour cela que je voulais passer mon permis de conduire, » explique-t-il. Il ajoute en rigolant : « C’est aussi à cause de la météo aux Pays-Bas. » Mais sans permis de séjour, la commune ne veut pas lui prêter de l'argent pour des cours de conduite. Bien décidé à ne pas abandonner, il commence lui-même avec des cours théoriques. « Je devais d'abord apprendre le néerlandais pour y arriver, » explique Mehran. « J'ai appris la langue sur YouTube et je me suis entraîné tous les jours. » Après beaucoup de travail acharné, il passe son examen théorique et le réussit. Enfin quelque chose de positif.

Il ne peut cependant toujours pas emprunter d'argent pour des cours de conduite, car il ne dispose toujours pas de permis de séjour. Il commence de nouveau à tomber en dépression, comme lorsqu'il était en prison il y a quelques années. « J’ai prié Dieu et lui ai demandé : qu'est-ce que je devais faire ? » Il décide à tout hasard de retourner à la commune pour une 2e demande. Cette fois-ci, un autre collaborateur s'occupe de son cas et il reçoit un prêt. Il peut enfin commencer avec ses cours de conduite.

« Après plusieurs emplois, je voulais lancer ma propre entreprise »

« Ma vie aux Pays-Bas a véritablement commencé quand j’ai eu mon permis de conduire. J'ai vu cela comme un signe qu'il était temps de faire quelque chose. Je me suis alors rendu directement dans une agence d'intérim pour chercher du travail. » Mehran est ensuite devenu livreur de repas dans la région de Leiden. « J’ai fait cela quelques mois, mais je n'y ai pas vu d'avenir. J'ai ensuite travaillé quelques mois en tant que laveur de voitures dans un garage. »

Mehran a trouvé un travail de coursier à Zoetermeer, mais il doit être inscrit comme indépendant pour cela. « Je me suis donc inscrit à la

Kamer van Koophandel (KvK - Chambre de commerce des Pays-Bas)
pour lancer ma propre entreprise. C'était heureusement possible sans permis de séjour. »

« Ce qui se passe en Iran me touche beaucoup »

Le travail n'est pas le seul facteur qui a permis à Mehran de construire une nouvelle vie aux Pays-Bas. Il fait appel à ses droits démocratiques et manifeste avec sa famille contre le régime iranien. « Je n’ai pas le choix. Ce qu’il se passe en Iran me touche. Je suis choqué de la répression sévère qui est exercée par le régime islamique contre les manifestants. »

La violence touche particulièrement Mehran parce qu'il l'a lui-même vécue. « J’ai grandi en tant que musulman chiite, comme tout le monde en Iran. Mais je ne croyais finalement pas au Dieu islamique sévère. » J'ai reçu une bible en Farsi de la part d'étrangers. « Après avoir lu la Bible, je suis devenu encore plus curieux à l'égard du christianisme et je me suis ensuite retrouvé dans une église familiale souterraine. Je sentais une connexion avec le christianisme et je me suis converti. »

Un jour, la police iranienne est rentrée dans l'église familiale avec violence. Mehran a été arrêté avec d'autres personnes. Après avoir passé une semaine en prison, il a pu attendre son procès en liberté. Mais il savait que la peine de mort l'attendait s'il était déclaré coupable d'apostasie. Il a donc décidé de quitter le pays.

« Il ne me manque plus qu'un permis de séjour et un logement pour ma famille »

Mehran a construit une vie aux Pays-Bas, mais il n'a pas encore de permis de séjour. « C’est la seule chose qui me manque encore. Malgré plusieurs demandes d'asile, le

Service de l'immigration et de la naturalisation des Pays-Bas (IND)
ne croit pas à mon histoire. Ma croyance envers Dieu est dans mon cœur, comment est-ce que je suis supposé prouver cela ? »

Il montre des extraits de journaux avec des photos de manifestations à Den Haag, où on peut le voir lui, sa femme et ses enfants. Mehran a également découpé des entretiens avec des journaux locaux, où il explique sa conversion. Il conserve tout soigneusement. « Ce sont des preuves pour l’IND, car il veut des preuves, de préférence des documents. »

Mehran a malgré tout bon espoir de recevoir un permis de séjour : « J’ai à nouveau introduit une demande. Peut-être que Dieu veut que je reste confiant que je vais recevoir ce permis de séjour. »


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